SS. le Patriarche Alexis II de Moscou et de toutes les Russies à Notre-Dame de Paris

Le soir du 3 octobre 2007, dans le cadre de sa visite en France, le patriarche Alexis II de Moscou et de toutes les Russies a vénéré la sainte relique de la Couronne d’Epines de Notre-Seigneur, au cours d’une célébration en la cathédrale Notre-Dame de Paris.

Cette célébration – qui a constitué sans doute le point culminant du séjour du primat de l’Eglise russe en France – a eu lieu à l’invitation de l’archevêque de Paris, Mgr André Vingt-Trois, et en présence de nombreux hiérarques, membres du clergé et fidèles, tant orthodoxes que catholiques, dans une cathédrale bondée. Accueilli à l’entrée de la cathédrale par l’archevêque de Paris, le patriarche de toutes les Russies fit son entrée, précédé des servants portant de cierges, la croix primatiale et l’encens. Après un échange de salutations entre le patriarche et l’archevêque, la prière eut lieu devant la Couronne d’épines. Un bref molébèn fut célébré par le hiéromoine Nestor (de la cathédrale du patriarcat à Paris) accompagné d’un diacre. Les chants étaient assurés par la chorale du patriarcat et la maîtrise de la cathédrale.
A l’issue de la prière, le patriarche s’est adressé aux personnes présentes dans l’église :

«Excellence, Monseigneur André Vingt-Trois, Messeigneurs les évêques, chers pères, frères et sœurs,

Je voudrais, avant tout, vous exprimer ma gratitude, Monseigneur l’archevêque André Vingt-Trois, pour votre invitation à visiter votre cathédrale et à vénérer l’une des plus insignes reliques du monde chrétien – la Couronne d’épines de Notre Seigneur Jésus-Christ. Je vous remercie également de permettre aux chrétiens orthodoxes de prier ici régulièrement.

La mort et la résurrection du Sauveur nous ont ouvert les portes de la vie éternelle où, selon l’expression d’un antique chant liturgique, il « n’y a ni douleur, ni tristesse, ni gémissement ». Même si le monde qui nous entoure est plein d’idoles vaines et fausses, même s’il est rempli d’affliction, de désespoir et de chagrin, nous savons que les portes du Ciel nous sont ouvertes et nous appelons tout le monde à y entrer, en répondant à l’invitation de Dieu : « Voici, je me tiens à la porte et je frappe ; si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi » (Ap 3, 20). Cet appel est adressé à chaque homme et à chaque peuple. Grâce soit rendue à Dieu qu’il ait été entendu par de nombreuses personnes au cours de l’histoire chrétienne de l’Europe. Des millions d’hommes et de femmes continuent à y répondre aujourd’hui encore.

Le temps est venu pour nous de joindre nos efforts pour faire face aux nouveaux défis du monde contemporain. Nous, les chrétiens, devons trouver la possibilité de témoigner ensemble de la Vérité de l’Évangile et des valeurs éthiques éternelles. Nous voyons en effet que la société contemporaine, perdant les repères éthiques et suivant de fausses valeurs, devient de plus en plus inhumaine et cruelle, engendre de multiples conflits et oppositions aussi bien entre des personnes, qu’entre des communautés et des peuples. C’est pourquoi, je m’adresse à vous aujourd’hui, chers frères et sœurs dans le Christ, avec une profonde inquiétude et avec la conscience de notre commune responsabilité devant Dieu pour la situation du monde contemporain.

Cette cathédrale est le véritable cœur de Paris et de toute la France. Au cours des siècles, ses murs antiques furent témoins de nombreuses tribulations historiques au cours desquelles il sembla que l’iniquité triomphait et que le mal l’emportait. Cependant, à chaque fois, la relique ici conservée manifesta la force de Dieu. J’espère de tout cœur que cette cathédrale sera non seulement le symbole du passé de votre pays et de votre peuple, mais aussi le symbole de leur avenir.

Profitant de l’hospitalité du vénérable archevêque de Paris, j’aimerais adresser quelques paroles aux évêques, prêtres et fidèles orthodoxes réunis ce soir pour prier ensemble devant la relique. Au XXe siècle la providence divine a amené en France des hommes de différents pays orthodoxes : de Russie, de Grèce, d’Ukraine, de Biélorussie, de Serbie, de Roumanie, de Bulgarie, de Moldavie… L’histoire de cette émigration a fait que plusieurs diocèses et de multiples paroisses relevant de plusieurs Églises orthodoxes locales ont été créés. La diversité de la présence orthodoxe en France est une richesse particulière en même temps qu’une responsabilité.

C’est une richesse, parce que le lien canonique et spirituel avec les Églises mères permet à leurs fidèles vivant en Occident de grandir au sein de la Tradition orthodoxe, s’appuyant sur leur propre culture et leur langue. La diversité des traditions, leur échange mutuel, permet d’enrichir notre vie et notre ministère.

C’est une responsabilité, parce que vous êtes appelés à allier de façon créative les différentes traditions et à renforcer l’unité orthodoxe en France, sans négliger les particularités de telle ou telle partie du peuple orthodoxe de diverses origines vivant en ce pays.

Excellence, cher Monseigneur André Vingt-Trois, vénérables évêques et pasteurs, chers frères et sœurs, je suis sincèrement heureux que leSeigneur m’ait permis de visiter la France et de vous rencontrer aujourd’hui. Je vous souhaite à tous, mes très chers, de grandir « dans la grâce et la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ : à lui la gloire maintenant et jusqu’au jour de l’éternité » (2 P 3, 18).

Le patriarche vénéra ensuite la Couronne d’Epines, l’une des plus importantes reliques du monde chrétien, conservée à Notre-Dame depuis le 13e siècle. En souvenir de ce jour, le patriarche offrit à la cathédrale une copie de l’icône de la Vierge de Vladimir, et l’archevêque de Paris offrit au patriarche une Nativité en cristal.

A l’issue de la célébration, le patriarche s’est entretenu en particulier avec Mgr André Vingt-Trois, avant d'assister à la réception donnée en son honneur par l'archevêque Innocent de Chersonèse et la communauté orthodoxe russe de France. Le diocèse orthodoxe russe de Bruxelles et de Belgique était représenté par l’archevêque Simon, les archiprêtres Anton Ilin et Pavel Nedossekin, les prêtres André Eliseev, Serge Model et Gennadi Katamashvili, le protodiacre Alexandre Kurjatkin et le marguillier Alexandre Khoudokormoff.

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Vidéo complete à Notre-Dame ici : http://www.orthodoxie.com/2007/10/le-patriarche-o.html

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